Ne vous est-il jamais arrivé de rester coi devant les questions innocentes de vos progénitures ? Indubitablement, leurs questions ingénues nous ramènent à notre curiosité perdue. Et pourquoi ne pas y remédier en leur apportant des réponses tout en cultivant notre propre curiosité ?
Alors, « Pourquoi le sommet de la montagne Pelée s’appelle le Chinois ? »
Telle est la question d’enfant à élucider.
En voici la réponse…
Mis à jour le 17 septembre 2023.
La montagne Pelée – également appelée « la Grande Dame du Nord » ou « la Pelée » – est l’unique volcan actif de la Martinique. Loin des 4809 mètres du Mont Blanc, la montagne Pelée s’érige tout de même à 1397 mètres d’altitude (ou 1395 mètres selon les sources). C’est le point culminant de la Martinique. Il est communément admis que son nom aurait été donné par les premiers colons installés en Martinique en 1635 sous la houlette de Pierre Belain d’Esnambuc. En effet, suite à une éruption récente, le sommet de la montagne était exempt de végétation. Pour d’autres, la montagne Pelée serait le nom donné par les « Indiens Caraïbes installés au pied du volcan qui parlaient de la Montagne de feu et lui vouaient un culte en hommage à leur Déesse du feu, la Déesse Pelé. »
La Pelée est un des lieux incontournables à visiter lors de tout séjour à la Martinique. C’est un site naturel exceptionnel, riche d’une faune et d’une flore « reconnues comme irremplaçables à l’échelle internationale ». Par ailleurs, la montagne Pelée mais aussi le Mont Conil, les Pitons du Carbet et le Morne Jacob – qui recouvrent 13 980 hectares de superficie, soit 12 % du territoire martiniquais – ont une morphologie spécifique constituant une particularité géologique unique au monde. Ainsi, « en raison de son histoire géologique et des relations qui existent entre celle-ci et l’origine de la biodiversité des Petites Antilles, la Martinique serait une île unique et irremplaçable : une Merveille du Monde ». Fort de ses atouts, le Parc Naturel Régional de la Martinique (PNRM) pour le compte de la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) et de l’État a candidaté afin d’inscrire les « Volcans et forêts de la Montagne Pelée et des Pitons du Nord de la Martinique » comme « Merveille du Monde » sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO. Et c’est le samedi 16 septembre 2023 que la décision d’inscrire la montagne Pelée et les Pitons du nord de la Martinique sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco a été validée à Riyad (Arabie saoudite) lors de la 45ᵉ session du comité du Patrimoine mondial.
La montagne Pelée, volcan le plus meurtrier du XXème siècle
Ne vous fiez pas à ses aspects de « Belle endormie », la Pelée est un volcan toujours en activité et est de ce fait étroitement surveillé par l’Observatoire Volcanologique et Sismologique de Martinique (OVSM). Cet observatoire abrite l’un des plus gros sismographes au monde. Ainsi, rien qu’entre le 23 et le 31 juillet 2021, au moins 77 séismes de type volcano-tectonique de magnitude inférieure ou égale à 0.5 ont été enregistrés. Depuis 2019, l’OVSM a pu constater une reprise des activités de la montage Pelée. Pour l’heure, le niveau d’alerte actuel est « Jaune = Vigilance ».
Cette surveillance s’explique par le fait que les Martiniquais ne veulent pas revivre l’épisode tragique du 8 mai 1902. Imaginez un mélange de cendres, de blocs et de gaz qui se déplace à très grande vitesse (120 à 150 m/s), d’une température estimée à 200 à 250°C et d’une hauteur d’écoulement de l’ordre de 190 mètres. Vous avez là l’équivalent d’un tsunami très destructeur.
Les 28.000 habitants de la ville de Saint-Pierre – située au pied de la montagne – en ont fait les frais lors de cette triste nuit. Cette ville fut quasiment rayée de la carte en moins d’une minute. Deux survivants avérés ont échappé à cette éruption dévastatrice : Louis-Auguste Cyparis, un prisonnier sauvé par l’épaisseur des murs de son cachot, et Léon Compère-Léandre, un cordonnier qui vivait à la périphérie de la ville. Tous les autres habitants sont tués par effets mécaniques mais surtout par brûlures et asphyxie suite à l’ingestion de gaz et de cendres chaudes.
Au total, il y eut 7 nuées ardentes dites péléennes dont la dernière eut lieu le 30 août 1802 portant le bilan définitif à 30.000 décès.
Saint-Pierre – autrefois baptisée le « Petit Paris des Antilles » et ancien chef lieu de la Martinique – compte désormais un peu plus de 4.000 habitants, très loin de son faste d’antan.
Depuis, cette éruption dévastatrice, la montagne Pelée a connu une éruption magmatique en 1929 moins violente que celle de 1902. Un nouveau dôme a été progressivement érigé entre 1929 et 1932. Le sommet de la montagne Pelée est ainsi constitué de deux dômes (ou cônes) : à gauche de l’image, le dôme de l’éruption 1902, et à droite celui de l’éruption 1929. C’est ce dernier qui culmine à 1397 mètres et est communément appelé le « dôme de 1929 » ou « Chinois »… en raison de sa forme qui fait penser à un chapeau chinois.
La montagne Pelée, terre de randonnée par excellence
L’ascension de la Grande Dame du Nord est une expérience inoubliable d’autant plus que plusieurs niveaux de randonnées sont proposés permettant d’explorer la Pelée à son rythme.
3 circuits afin de découvrir la montagne Pelée à son rythme
Comme l’atteste cette carte, trois circuits permettent d’aller à l’assaut (ou non) des deux dômes et de visiter la caldeira.
Option n°1 : Gravir la montagne Pelée par l’Aileron
C’est le sentier le plus pratiqué car il permet d’accéder en voiture au 1er refuge de la montagne Pelée : le dôme de l’Aileron (altitude 820 mètres). Depuis l’Aileron, un sentier balisé vous permet d’accéder au plateau des Palmistes (2ème refuge) où vous pourrez admirez la caldeira. Les plus férus de cette ascension conseillent de partir de nuit avec une lampe frontale pour arriver au 2ème refuge lors du lever du soleil. Il paraît que cela vaut le détour.
Si vous le souhaitez, vous pouvez emprunter un sentier qui permet de faire le tour de la caldeira. Ce sentier s’apparente à une « balade » car le terrain est relativement plat. Vous devez ajouter 1H30 environ à votre trajet.
Pour accéder au 3ème refuge, vous emprunterez un escalier très raide et quelque peu vertigineux au tout début. Soyez prudent si le sol est humide pour éviter de glisser. Les marches vous emmènent au fond de la caldeira (l’Étang Sec). Le sentier remonte de façon abrupte vers le dôme de 1902 puis redescend vers le 3ème refuge.
C’est depuis le 3ème refuge que vous pourrez accéder au Chinois. Les blocs de rochers sont souvent humides et glissants. Il y a par ailleurs des trous et des failles cachées par la végétation. En cas de brouillard, les piquets indicateurs balisant le tracé sont difficilement repérables. Il faut donc faire preuve de vigilance sur cette partie du circuit. Mais une fois arrivé.e, vous pourrez admirer la magnifique vue – s’il fait beau – depuis un imposant bloc de roche. Là, vous aurez atteint le point culminant de la Martinique à 1397 mètres.
Le retour s’effectue par le même chemin, en sens inverse.
Comptez un minimum de 4 heures de marche aller-retour (hors tour de la caldeira)… enfin, pour les randonneurs réguliers.
Option n°2 : Gravir la montage Pelée par le sentier de la Grande Savane
Le sentier débute à Grande Savane (altitude 680 mètres) qui est situé au dessus du village du Prêcheur. L’accès à Grande Savane en voiture n’est pas dès plus simple. Il est donc recommandé d’avoir une voiture au moteur puissant et idéalement un véhicule surélevé de type SUV. Le grand intérêt de cette randonnée est de surplomber la mer des Caraïbes tout au long de la montée qui vous emmène au 2ème refuge. C’est également l’option la plus courte pour arriver jusqu’au Chinois car il n’est pas nécessaire de passer par le cratère. En effet, le sentier menant au point culminant se trouve de ce côté de la caldeira.
Comptez un minimum de 2 heures de marche aller-retour… enfin, pour les randonneurs réguliers.
Option n°3 : Gravir la montage Pelée depuis Grand-Rivière (Beauséjour) ou Macouba (Desiles)
Vous pouvez au choix partir de Beauséjour (situé à Grand-Rivière) ou de Desiles (situé à Macouba). Dans les deux cas, votre marche débutera sur le chemin d’exploitations agricoles (bananeraies, champs de cannes à sucre). Pensez là aussi à vous équiper d’une bonne voiture !
La première étape vous emmène à la Maison du Moine, ancienne maison d’un ermite y ayant vécu au début du XXème siècle. C’est aujourd’hui une station météo. Votre ascension se poursuit jusqu’au Morne Macouba à 1300 mètres d’altitude. C’est depuis ce morne que vous accéderez au 2ème refuge. Pour arriver au Chinois, vous devrez emprunter le même parcours que celui de l’Aileron.
C’est incontestablement le circuit le plus technique notamment en raison d’un fort dénivelé de 1170 mètres (départ depuis Beauséjour) ou 1220 mètres (départ depuis Desiles).
Comptez un minimum de 5 heures de marche aller-retour… enfin, pour les randonneurs réguliers.
Quelques précautions à prendre avant l’ascension de la Pelée
Avant d’entreprendre l’ascension de la montagne Pelée, quelques précautions sont à prendre en plus d’avoir de bonnes chaussures de randonnées, de prendre un en-cas, de l’eau et un téléphone portable.
Il vous faudra ajouter à votre matériel de randonnée : un couvre-chef et de la crème solaire car la végétation se raréfie au fur et à mesure de votre montée. N’oubliez pas que c’est la montage Pelée !
Par ailleurs, le sommet peut être dans les nuages et il y fait froid et venteux. Prévoir un imperméable ou un pull n’est pas superflu.
Partez tôt le matin pour éviter une ascension sous un soleil de plomb.
N’oubliez pas surtout de consulter la météo avant de partir car il serait dommage de faire votre excursion sous la pluie.
La montagne Pelée comme si vous y étiez
Et pour finir, découvrez cette vidéo immersive de l’ascension de la montagne Pelée jusqu’au Chinois. Vous profiterez ainsi des paysages magnifiques et du panorama féérique du nord de la Martinique.
Un avant-goût de votre prochain séjour en Martinique afin que vous puissiez vérifier que le sommet de la montagne Pelée a bien la forme d’un chapeau chinois ?
Vidéo réalisée par Khlodel qui vous guide jusqu'au sommet de la montagne Pelée.
Crédits Photo
« Montagne Pelée » de Jean & Nathalie est sous licence CC BY 2.0
Carte des circuits de randonnée : La jeannoise, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons